mardi 16 juin 2015

DECIDER





La vie n'est finalement faite que de décisions et c'est dès le plus jeune âge que nous y sommes confrontés ;  enfant , nos décisions sont pour la plupart du temps soumises à l'accord de nos aînés et c'est souvent ce qui génère des conflits enfants vs parents. A ce stade de nos vies, avides de liberté , nous ne nous rendons pas compte que ceux qui décident pour nous cherchent a nous éviter de faire des erreurs, cherchent à nous protéger alors qu'enfant et ensuite adolescent nous avons une telle soif de liberté que cela nous met en colère, nous semble injuste  et nous nous sentons frustrés ,indignés et en colère d'avoir à subir le verdict final des adultes, le véto des parents.
Si seulement à ces instants de nos vies nous pouvions nous rendre compte que les décisions prises pour nous par les autres nous facilitent la vie car arrivé à l 'âge adulte il est parfois des décisions qui sont fort difficiles à prendre et que, malgré les conseils avisés des uns et des autres nous sommes seuls obligés de prendre.
Les décisions sont souvent intimement liées aux choix; parfois plusieurs choix se proposent à nous et c'est la, que, souvent, soit nous pesons le pour et le contre pour nous décider soit, sous l'effet d'une pulsion, nous décidons sans réfléchir, soit nous nous laissons guider par notre instinct.
Depuis bien longtemps je suis mon instinct et les choix que je fais sont toujours soumis à la même règle du " je fais comme je le sens ".
Trop longtemps indécise je me suis torturée l'esprit a chercher quel était le bon choix à faire dans telle situation; la vie m'a appris qu'il n'y a pas de bon ou de mauvais choix, il y a simplement le choix que nous faisons à un instant T et qui nous conduira vers un avenir  A ou B. 
Cela pourrait sembler simple si certaines décisions ne s'imposaient à nous par faute de choix car il n'y a pas d'autre solution car il faut accepter même si cela nous déplait et cela c'est bien le pire dans une vie.
Le pire aujourd'hui pour moi c'est d'accepter que la maladie a gagné et que personne ne pourra guérir TEO, mon ptit caillou. Comment accepter l'inacceptable ? Je ne l'accepte pas bien évidemment, je fais juste un arrangement intérieur, un arrangement qui me permet de rester plus ou moins sereine en fonction des moments, un arrangement qui m'évite de sombrer dans l'angoisse, la panique car comment se résoudre à perdre son enfant, comment accepter de le voir s'éteindre progressivement, d'heure en heure, de jour en jour ?
Pendant plus d'un an de maladie j'ai vécu dans un univers ou le mot choix n'existait pas, tout du moins pour TEO et moi; car ce sont les médecins, les chirurgiens qui ont choisi et c'est tant mieux au fond car j'imagine que, par moment, cela a du être bien difficile pour eux; leurs décisions ont, pour la plupart, été prises en équipe, des décisions toujours pesées sur la balance bénéfice-risque: quel traitement apportera le plus de bénéfice et le moins de risque ? En matière de cancérologie si l'on doit retenir une chose, c'est qu'il n'existe pas de traitement médical ou chirurgical sans effet(s) secondaire(s).
Alors j'ai traversé tant bien que mal la jungle des chimios et des chirurgies et même si, au passage, cela affectait la santé de TEO je me suis toujours accrochée à l'idée que, même si je devais me résoudre à ce qu'il ne soit plus jamais comme avant, au moins il avait une chance de guérir.
La chance n'a pas souri à TEO mais la malchance nous a en quelque sorte rendu la liberté, la liberté de décider, la liberté de choisir.
"S'il est une certitude aujourd'hui , c'est que je ne pourrai pas guérir TEO" m'a dit sa cancérologue; ce à quoi j'ai rétorqué " et bien dans ce cas et à partir de maintenant je reprends le contrôle et je décide de ramener mon fils chez nous pour que ce qu'il lui reste de vie soit serein , paisible avec le moins de douleurs possibles et surtout avec un maximum d'amour.